DOLCE VITA EN ENFER
Août 2015
Une avenue bordée de palmiers, des cinémas à l’ambiance rétro, des cafés-restaurants art déco aux odeurs de macchiato et de pizzas, des vespas et des vieilles fiats… Voici Asmara, capitale de l’Erythrée ! Comme une jolie carte postale jaunie, elle est restée fidèle aux années de l époque coloniale italienne. Sur la côte, c’est un passé au charme ottoman qui émerge des vapeurs de la Mer Rouge.
Pourtant, malgré cette apparente Dolce Vita et ses couleurs pastel, se cache un pays en grande souffrance, une population fuyante, à la recherche d’un avenir meilleur. La diaspora fait en partie vivre le pays par des rentrées d’argent régulières.
Et c’est celle-là que je connais, ici, en Suisse, où je travaille avec ces familles érythréennes depuis des années. Je décide donc de réaliser ce reportage en Erythrée en ayant connaissance des relations qui lient les émigrés à leur pays d’origine.
Rares sont les photographes qui pénètrent en Erythrée. J’y découvre une capitale hors du temps. Rien ne fonctionne réellement (eau, électricité, internet). La ville est isolée et figée dans son espace-temps. La nuit, elle plonge dans l’obscurité et la journée, on ne voit ni publicité ni trace d’un avion dans le ciel. La capitale, où le silence est la clé d’or, est emblématique du pays tout entier. Le temps s’est arrêté. La guerre a fait rage et la nation est née. Le peuple fier s’est soulevé. Les anciens combattants revendiquent leurs années de sacrifice pour la nation. D’ailleurs, pour le rappeler, en lieu et place de panneaux publicitaires, des affiches de propagandes nationalistes parsèment le paysage urbain de la capitale.
Mais le combat des armes est terminé. Seul, reste, le combat pour la liberté individuelle !
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