LA JUNTE AU PAYS DES MERVEILLES

2013 à 2017

En 2005, la junte birmane entame la construction de NayPyiTaw, sa nouvelle capitale, au coeur de la brousse. Les fonctionnaires sont sommés de s’y installer. La ville immense est en fait surtout devenue la résidence des militaires. Elle est accessible depuis 2011. Des parades militaires et des sommets y sont régulièrement organisés pour les ministres. « NayPyiTaw » signifie « demeure des rois ». La ville irréelle englobe plusieurs zones : celle des hôtels de luxe (kitsch et vides!), celle des ministères, dont le démesuré parlement reste inaccessible, celle des stades (utilisés pour les grandes manifestations et non pour les habitants), celle du zoo et des parcs à thèmes, etc., qui restent très éloignées les unes des autres.

Evidemment, pour achever de dérouter les éventuels visiteurs, on y maintient une absence totale de signalétique routière. Les larges avenues de 8 à 20 voies, principalement désertées, sillonnent ce vaste espace emprunt de vacuité et sont ponctuées de ronds-points flanqués de sculptures florales juchées sur une pelouse arrosée sans cesse par des employés au chapeau de paille.

Alors que l’environnement de NayPyiTaw est aride et que l’eau et l’électricité sont des ressources faisant défaut dans le pays, ce »monde merveilleux » est alimenté 24h/24h. Les nettoyeurs sont au bord des routes et dans tous les autres lieux «publiques», comme l’aéroport, la gare, le zoo, le musée afin de faire briller le néant !

Et les promoteurs continuent d’avoir des projets de constructions ambitieux, des quartiers de condominiums et des immenses hôtels sont en train d’être créés. C’est d’ailleurs l’une des villes qui possède un développement urbain parmi les plus rapides de la planète. L’idée d’une nouvelle capitale serait née, officiellement, d’une volonté de recentrer géographiquement le pouvoir. En réalité, il s’agirait plutôt d’éviter les révoltes populaires qui avaient lieu à Rangoon, où les gens pouvaient se rassembler. Selon les termes d’Aung San Suu Kyi, cette cité paranoïaque est un « Disneyland fasciste ». Les élections ont eu lieu en novembre 2015. Les Birmans ont voté majoritairement pour le parti d’Aung San Suu Kyi. Mais elle ne sera pas Présidente. La main mise des militaires sur le gouvernement est toujours d’actualité.

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